La santé durable: vers une nouvelle éthique de la politique de santé?

Mettre en oeuvre des politiques stratégiques pour être en bonne santé, ou au moins ne pas lui nuire, est loin d’être une évidence et n’a pas été davantage pensé que celle de ne pas nuire à la planète. C’est ainsi que l’ONU (1)s’est penchée le 16 septembre sur l’impact sanitaire et économique des maladies non transmissibles : obésité, maladies cardio-vasculaires, diabètes, asthme, cancers, à l’origine de quatre décés sur cinq en Europe. En cause : nos modes de vies. Leur impact serait  responsable à 85% de notre bonne santé  tandis que l’offre de soins interviendrait pour 15%. Elle se fonde sur les travaux de l’OMS (2), qui définit la santé comme un « état de bien être physique mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ». Notre regard est invité à se tourner vers un champ politique encore plus vaste que le soin, celui de la santé.

Les chiffres de ces maladies peuvent donner le vertige:

D’abord en France, Emmanuel VIGNERON  dénonce les Inégalités territoriales de santé et une mortalité adulte évitable ( avant 65 ans) des plus élevée des pays de l’OCDE, avec 200 morts pour 100000 hab, contre 180 en moyenne. 40 % des cancers et 80 % des maladies cardio-vasculaires et certains diabètes seraient liés à des déséquilibres alimentaires. Nous déclarons plus de 1000 cancers par jours. En 20 ans, l‘augmentation des maladies chroniques a été de 80%, au point que la question se pose de la soutenabilité financière de notre système de solidarité nationale. André CICOLELLA n’hésite pas à affirmer que la crise de la sécurité sociale est d’abord sanitaire, et d’incriminer le développement incontrolé des substances chimiques qui sont aussi impliquées dans les atteintes à la reproduction, les affections neurologiques, l’obésité et le diabète. L’Ecole de Santé Publique d’Harvard a calculé que si rien ne change, elles coûteront globalement 50000 milliards de dollars au cours des 25 prochaines années. De quoi faire tourner à fond l’économie de la santé, non, pardon, de la maladie, et faire un peu plus de PIB. Pourtant, à y regarder de plus près, on pourrait se dire que nous sommes arrivés à un moment de notre histoire industrielle, où nous devrions marquer une pause, pour réfléchir au modèle de développement que nous souhaitons. N’y aurait-il pas un défi à développer une économie qui produise de la santé ?

Pour refonder la politique de santé,

Il faut remettre en question notre système de santé et d’abord se débarrasser de nos oeillères intellectuelles. Joseph STIGLITZ, comme Patrick VIVERET (5,6) osent  l’affirmer et nous demandent de reconsidérer le calcul de la richesse, non pas en PIB Produit Intérieur Brut, main en BIB,  Bonheur Intèrieur Brut. Ils affirment qu’une autre économie est possible, à condition de lui donner pour fondement  une stratégie faite : d’humanisme, de bien public, de  sagesse et non de raisons techniques, consumméristes ou pire encore, de cupidité, comme nous le découvrons chaque jour avec la crise financière. Nous sommes conscients que c’est une révolution économique qui ne peut se faire que précédée d’une révolution culturelle, où la santé publique devient un objectif de politique trans-sectoriel.

La Santé Durable en action,

Comme pour l’environnement, nous pouvous penser une écologie de la santé, faite de stratégies appliquées à la recherche, à l’industrie,  au renouveau agricole et alimentaire. Il est possible de peser sur tous les déterminants de santé tels que l’éducation, le logement, l’urbanisation, les transports, ainsi que d’ avoir une « approche santé dans toutes les politiques » comme nous y invite avec force l’ONU. Agir pour la santé durable peut se faire dès maintenant, en impulsant ou en aidant, au niveau régional, des initiatives locales, captées par les décideurs locaux. Que ce soit au niveau des pôles de compétitivité ou à l’organisation de circuits courts, les régions, qui ont a coeur d’investir pour l’avenir, commencent à y regarder de très près. En Aquitaine ,  le CESER salue la proposition du Conseil Régional de créer un fond d’innovation à la Santé Durable : un espoir pour permettre à un autre modèle de société de se lever, avec de nouvelles perspectives économiques.

Solange MENIVAL

 1) Organisation des Nations Unies

 2) Organisation Mondiale de la Santé

 3) Emmanuel VIGNERON, Professeur Aménagement Sanitaire Université de Montpellier

 4) André CICOLELLA , Chercheur en Santé Environnementale,

 5) Joseph STIGLITZ, Economiste américain, Columbia University

 6) Patrick VIVERET, Philosophe, essayiste.

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