Dérangeant le silence assourdissant des politiques sur les problèmes de santé que génère la crise économique, l’EUPHA ( Association Européenne de Santé Publique) a donné les résultats de ses travaux à Copenhague ce week end du 11 novembre 2011. Plus de 1300 participants, dont de nombreux chercheurs, se sont alarmés de la situation.
La déclin de l’économie amorce une regression sanitaire.
Il semble bien que les Etats soient aussi désarmés devant les conséquences sanitaires de la crise économique qu’ils ne le sont pour faire face à la crise financière et économique qui secoue les grandes puissances. Les observateurs s’inquiètent de la montée de la pauvreté, qui est toujours une trappe à santé. Le taux de suicides en Grèce a augmenté de 40%, les classes moyennes ont dégringolé aux Etats Unis, 25% des jeunes sont au chômage en France et une partie de plus en plus nombreuse vit dans la rue. Sir Mickael MARMOT (1) déclare que les gains de partage de richesse acquis depuis les trente glorieuses ont fondu comme neige au soleil. Les inégalites sociales se sont à nouveau scandaleusement creusées. La richesse aux Etats Unis ne se concentre plus que sur 1% de la popultion, le taux de 1929!
La pauvreté aggrave la crise.
Au moment où l’ONU fait signer un engagement aux Etats d’inclure la santé dans toutes les politiques, l’Union Européenne, empétrée dans la crise de l’Euro, ampute des trois quart l’aide alimentaire. Les pauvres seront plus nombreux cet hiver, et ils auront encore moins, toujours moins. Le professeur danois Finn KAMPER-JORGENSEN (2) s’insurge contre cette politique et dénonce le piège dans lequel sont en train de tomber nos pays dits développés. Les pauvres sont plus malades, et la pauvreté aggrave la crise. Qu’on ne s’y trompe pas : plus nous seront lents à réagir et à secourir les gens mis à mal par l’économie, plus notre économie aura du mal à s’en relever! A l’inverse des coupes qui amputent les budgets sociaux, il faut secourir, amortir le choc immédiatement. Au delà, le manque de vision et de stratégie santé par les politiques est affligeant. S’en remettre au système curatif est une erreur d’appréciation grave et coûteuse. Grave parce qu’on est loin des enjeux sociaux et sanitaires qui devraient protéger, éduquer, conduire la population à interagir avec les acteurs de santé pour son bien être. Coûteuse, parce qu’il faudra payer la casse : maladies, délinquance, perte de pouvoir économique, baisse de la consommation, panne de croissance, donc baisse du PIB..
La crise économique, dont il semble que nous n’en soyons qu’à ses prémices en France, va impacter la santé des citoyens. Les chercheurs en santé publique à Copenhague ont fait leur travail, ils attendent des politiques qu’ils fassent le leur.
Solange MENIVAL
1) Sir Mickael MARMOT, Professeur au University College London
2) Pr Finn KAMPER-JORGENSEN, Professeur au National Institut of Public Health du Danemark
Catherine
Une fois encore, votre texte est super. Que ce serait bien de vivre dans un monde où la majorité des personnes penserait comme vous et agirait en conséquence ! Il y aurait beaucoup moins de gens malheureux et ça serait le paradis.
Amitiés