Refonder le système de santé, passer d’un système curatif à un système plus préventif, de l’hospitalo-centrisme à des organisations latérales, invite l’innovation à chaque étage.

Observer les épidémies de maladies chroniques, c’est organiser  l’accès aux données de santé ; développer la coordination des soins, c’est mieux former les équipes ; reculer l’entrée dans la dépendance des personnes âgées, c’est développer la e-santé. Pour la première fois, il est proposé que la politique de santé se dote d’objectifs de santé publique, grâce à un co-pilotage des ministères de la santé et de la recherche.

Ainsi a été posée la feuille de route de la Stratégie Nationale de Santé par Marisol TOURAINE, ministre de la santé et des affaires sociales, et Geneviève FIORASO, ministre de la recherche, le 23 septembre 2013.

Chacune des ambitions de la Stratégie Nationale de Santé s’appuie sur l’innovation.

Or l’innovation trouve son laboratoire et sa gestation en région. C’est en région que naissent les clusters et pôle de compétitivité, que l’on peut faire émerger des organisations de proximité, la recherche sur les maladies chroniques, les outils de l’évaluation. Les Agences Régionales de Santé sont au cœur des innovations organisationnelles. En s’alliant aux Conseils Régionaux, elles peuvent tester les meilleurs process et produits industriels.

C’est en région que se nouent les partenariats entre chercheurs, ingénieurs, soignants,  collectivités, financeurs. C’est aussi en région que l’on peut observer les pratiques de proximité,

et lutter contre les failles sociales du système qui induisent une surmédicalisation, une surconsommation tueuse et couteuse. Accompagner les professionnels au coeur de leurs usages, c’est les aider à innover dans leurs pratiques. C’est en région que l’on peut organiser la rencontre des objectifs nationaux avec l’émergence de nouvelles pratiques locales. On peut mettre en œuvre leur déploiement grâce à des schémas régionaux, de développement de filière d’une part, de déploiement d’organisations d’autre part.

Nos partenaires européens l’ont bien compris qui facilitent les dialogues entre l’Europe et les Régions, alors que la France reste sur le pilotage le plus centralisé et le plus lourd de tous. C’est

ainsi que nos voisins obtiennent des financements plus importants, y compris pour la santé, parce qu’ils savent mettre en avant des innovations qui améliorent l’efficacité sanitaire et l’efficience médico économique. Ils en ont aujourd’hui les fruits, leurs résultats en réduction de la mortalité prématurée avant 65 ans dépassent les notre. Dans une Europe vieillissante, trouver les ressorts d’une espérance de vie en bonne santé est un enjeu fondamental – identifié par la silver economy – non seulement de bien être, mais aussi économique et de compétitivité,  face à la montée des puissances émergentes, qui ont tous les atouts de la jeunesse.

Mais la santé n’est pas un marché comme les autres.

Le bien être social, le respect de l’humain, doivent être au cœur de la réflexion, si nous voulons parvenir à un résultat accepté et partagé par nos concitoyens. Il est nécessaire et possible d’avoir une  connaissance scientifique de proximité de la bonne pratique, du bon usage. La rencontre de ses exigences particulières doit être organisée avec les industriels. L’offre seule ne suffit pas à faire le marché. Il faut tenir compte des enjeux socios et sanitaires à un coût acceptable pour la communauté et équitable pour les citoyens. Se sont les conditions incontournables à la création d’un nouveau marché national, voire international.

La santé est identifiée comme un secteur porteur d’une nouvelle croissance par le Président de la République. La France peut produire un choc de confiance si elle ose un choc de subsidiarité.

Que ce soit par la future loi de santé publique ou l’acte III de la décentralisation, pour réussir, la Stratégie Nationale de Santé devra prendre pied en Région.

 

Solange MENIVAL
Vice Présidente Santé et Formations Sanitaires et Sociales

Conseil Régional d’Aquitaine.

solange-menival.fr