La Délégation Aquitaine, présente à ce rendez vous européen, était emmenée par Solange Ménival, vice-présidente du Conseil Régional en charge de la santé qui était accompagnée de Nicole Klein, directrice Générale de l’Agence Régionale de Santé d’Aquitaine.

 

Interview accordée à aqui.fr le 17 juin 2011

L’américaine Barbara Starfield devait y parler notamment des soins primaires et des inégalités; son décès a marqué le rendez vous de Pise mais les enseignements de son travail ont contribué à mieux cerner la question de la réussite médicale. Solange Ménival l’évoque dans l’interview qu’elle nous a accordée.

 

@qui ! – En quoi était-il important que l’Aquitaine soit représentée par le Conseil Régional et l’Agence Régionale de Santé?

Solange Ménival- L’ ARS, en marche depuis un an, doit mettre en place, dans le Projet Régional de Santé, de nouvelles organisations aux travers de différents schémas : ambulatoires,
télémèdecine ou encore les contrats locaux de santé. Et ceci d’ici la fin de l’année. Le Conseil Régional, au travers de ses compétences d’aménagement du territoire et d’innovations et l’ARS
peuvent utilement joindre leurs efforts pour réduire les inégalités territoriales d’accès à la santé et inventer ensemble ces nouvelles organisations.

 

@! –  En quoi l’Europe apporte t-elle de nouvelles organisations utiles à la France?
S. M. – Nous pensons avoir le meilleur système de santé au monde,
mais c’est de moins en moins vrai. Nous sommes très bien équipés mais les inégalités se creusent . A ce sujet le professeur Emmanuel Vigneron vient de publier une étude dans laquelle il explique
que sous sommes à 200

décés évitables pour 100.000 habitants alors que la moyenne européenne est à 180 ; nous faisons moins bien que des pays moins dotés et moins flambants que nous ;

Par exemple, l’Andalousie, avec 7 pour cent de son PIB rattrappe la France en espérance de vie.

 

@! – Quelles sont donc les approches qu’il faudrait renouveler en France ?

S. M. -Les travaux du Pr Barbara Starfield(2), qui est décédée ce week end alors qu’elle devait ouvrir la conférence de Pise ont porté sur l’organisation des soins primaires. Ils nous
donnent des voies pour être plus efficaces.

 

 @! – Le décés de Barbara Starfield vous a d’autant plus touchée qu’elle avait exprimé un point de vue précieux sur le système français…

S. M. – Oui. Beaucoup. Il y a quelques mois, je lui avais demandé de venir en France et elle avait accepté d’intervenir, sans émoluements, parce qu’elle savait que notre système
va de plus en plus mal. Ses recherches l’ont amenée à poser les quatre clés de réussite de l’approche médicale :

-l’entrée dans le parcours de soins, la longitudinalité de la prise en charge dans le temps,

-l’approche générale complémentaire et le niveau de coordination et de continuité des soins ;

La force de ses travaux est une approche centrée sur la personne et non sur la maladie. En décloisonnant les spécialités, elle donne ses lettres de noblesse à la médecine générale et aux
soins primaires; elle a fait la démonstration qu’il y a des inégalités cachées dans le système de soins avec des facteurs de co-morbidité et de co-mortalité que seule une approche générale peut
vaincre.

 

@! – La France est elle prête à choisir cette approche ?

S. M. -La France, je ne sais pas, mais l’Aquitaine s’y prépare !

1 Au steering commetee, le bureau du réseau ENRICH a proposé à l’Aquitaine la présidence du réseau

2 Barbara Starfield – célèbre économiste américaine-  University Distinguished Service Professor, The Johns Hopkins University.

 

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