Dans la troisième révolution industrielle, Jérémy RIFKIN explique la transformation créatrice de nos sociétés,  rendue possible grace aux technologies de l’information et de la communication (NTIC), le développement des énergies renouvelables et l’organisation du pouvoir latéral. La santé durable peut trouver ici une analogie avec les  organisations montantes en santé, capables de répondre au triple  défi des épidémies modernes, du vieillissement de la population et du financement de la santé.

Les épidémies modernes doivent être combattues différemment. 

Cancers, insuffisances cardiaques, obésité, allergies, hyper tension artérielle, diabètes etc.. ont envahi notre quotidien, les cabinets médicaux et l’hôpital. Elles arrivent brutalement dans le système de soin qui déploie ses trésors de technologies. Les médecins et les soignants, bien que toujours prêts à faire face, sont de plus en plus débordés et désespérés de voir leurs moyens se réduire, en particulier par manque de temps. Les résultats de la France, s’ils sont bons en termes de mortalité évitable et espérance de vie, sont mauvais en mortalité prématurée avant 65 ans, 205 décés pour 100000 hab contre 180 en moyenne dans les pays de l’OCDE.

Mais d’autres pays ou régions nous montrent de nouvelles organisations, grâce aux NTIC. En permettant une vision globale, rapide, suivie, sans rupture du parcours de soins, coordonnées, elles améliorent les résultats en santé et abaissent les coûts. C’est le cas en Andalousie ou en Algarve ( Cf blog article la santé intégrée ). Il suffit de s’y rendre, comme J. RIFKIN (1) l’a constaté en Espagne, pour mesurer à quel point nous pourrions nous aussi rentrer dans cette révolution technologique. Appliquée à la santé,  elle  permet aux équipes soignantes de bâtir des stratégies qui commencent par la prévention. Impensable sans cet outil, les résultats sont spectaculaires et ils se voient.

Au lieu de celà, nous concentrons nos efforts sur le soin, avec toujours moins de moyens financiers. Même la grippe arrive aux urgences.  Comme notre économie qui est en fin de cycle  industriel, notre système de soin est sous respiration artificielle et il montre des signes de sénéscence organisationnelle.

L’organisation du pouvoir doit être repensée, place au pouvoir latéral.

Nous avons à portée de main toute l’intelligence et la technologie qui peuvent le transformer, mais c’est dans la nature de nos relations que se trouve l’essentiel du blocage aux transformations innovantes. Hiérarchisé et cloisonné, le pouvoir parle au pouvoir. Soignants et patients ne s’y retrouvent pas.  Jérémy RIFKIN nous explique que ce modèle est terminé. Les relations transversales, intégrées, mues par les NTIC, favorisent les initiatives remarquables, permettent aux acteurs d’être partie prenantes des progrès du système, donne du sens à leur travail.

Penser de nouvelles stratégies en santé est  à la portée des médecins, des infirmières.  Pour des soignants,  être acteur agissant du système, c’est donner du sens à son travail et à sa vie. Si j’en parle aujourd’hui, c’est que je n’ai jamais eu autant de témoignage de la souffrance au travail, de dépressions et de suicides. Pour les malades, être partie prenante de son traitement est un facteur clé de guérison, y compris bien en amont de la maladie, de vieillissement en bonne santé chez les personnes agées.

C’est ce que J.RIFKIN appelle le pouvoir latéral, celui du peuble, qui redonne du sens à la démocratie et comme le soutien Jean Charles ZARKA (2)  dans la lignée de Hans JONAS (3) , participe au développement durable.  Il faut maintenant l’appliquer au système de santé, parce que nous en sommes tous responsables.

Solange MENIVAL.

 

1) Jérémy RIFKIN, La troisième Révolution Industrielle, edt Les liens qui libèrent

2) Jean-Charles ZARKA, Le monde émergent, edt Armand Colin

3) Hans JONAS,  Le principe de réalité, edt Flamarion, champs essai