L’Aquitaine en marche vers des innovations organisationnelles en santé.

Les inégalités territoriales et sociales en santé peuvent être combattues grâce à de nouvelles organisations. Médecins et industriels ont présenté des  innovations organisationnelles et technologiques à la Conférence Santé Territoire du 28 novembre 2011 organisée par le Conseil Régional d’Aquitaine, avec  l’Agence Régionale de Santé. 

Les constats :

La population agée va doubler d’ici à 2050, mais nous serons  « des malades en bonne santé », nous livrent les docteurs  Pierre SIMON  et Yves CHARPAK , car nous pouvons vivre normalement avec nos maladies.  Néanmoins, l’augmentation des maladies chroniques, particulièrement marquée dans les pays riches,  sature notre système de soin, le rend moins efficace. Ainsi, on avait l’habitude de se réjouir de notre bon classement en terme de mortalité évitable. Mais voici que nos territoires sont marqués par des inégalités en mortalité prématurées. Avec 205 décés avant 65 ans, pour 100000 habitants, la France obtient un des plus mauvais résultats des pays de l’OCDE. Le Pr Emmanuel VIGNERON nous livre des cartes  inédites et redoutables. « Notre système formidable n’est plus adapté ». Que se passe t-il? Quant une par une se dévissent les plaques des médecins généralistes, et que la désertification médicale passe du rural au péri-urbain, quelque chose ne va plus dans l’organisation des soins.  L’hôpital est appelé à être sur tous les fronts, il devient le pompier de notre système de soin.

L’Hôpital est conçu pour le soin, on ne peut pas continuer à lui déléguer notre santé,

répondent des professionnels qui imaginent de nouvelles organisations. Ainsi la création de maisons de santé pluriprofessionnelles comme outils de projet de santé dans les territoires. L’intérêt est dans l’approche globale du patient, l’optimisation de la consultation et du soin grâce à une coordination, avec des infirmières, des pharmaciens, des assistants de vie, dont le modèle économique n’est pas encore assuré partout. Si les collectivités se sont fortement mobilisées dans leurs financements, les ARS ont du mal à trouver les fonds nécessaires pour la coordination. Pourtant, les gains sanitaires et l’efficience sont prouvés. Les plus values sur le suivi des maladies chroniques sont indéniables, et des hospitalisations évitées. Le docteur Mourad ELIAS (1) en est convaincu, la maison de santé est aussi un projet hors des murs. « On fait maison » par un projet de regroupement de professionnels, grâce aux systèmes d’informations. Ces derniers doivent être imaginés dans la plus exemplaire des convivialités, en partant de l’usage des professionnels nous dit le Dr Florence MARECHAUX (2). Le partage du savoir et l’accès à l’expertise rendent plus sûr l’exercice médical. C’est alors, et seulement alors, que la maison de santé peut être un outil de lutte contre la désertification médicale. De même pour la télémédecine, qui ne doit en aucun cas être imaginée pour remplacer l’homme, mais bien pour lui apporter un renfort. Encore méconnue, elle est difficilement appréhendée par la grande majorité des médecins généralistes nous explique le Pr Bernard GAY(3).

« Le juste soin, au bon endroit, au juste coût ».

C’est possible, à condition de mettre les moyens sur le développement des soins de premiers recours, d’organiser la gradation des soins, et de donner les moyens techniques novateurs aux professionnels. Les gains sanitaires et les gains économiques sont considérables. L’expérience du projet Païs en est la démonstration. En mettant en place une plateforme téléphonique mutualisée aux médecins de son  bassin de vie, l’ hôpital de Blois améliore son flux d’urgences et optimise le temps médical des médecins généralistes. Ils gagnent au moins une heure à une heure et demi de temps par jour en ne répondant plus aux appels téléphoniques. Pour 80000€ investis, le gain total est de 560000€ pour l’assurance maladie. L’argent ainsi économisé pourrait, dans une autre étape, être utilisé dans un projet de santé de territoire qui renforce la continuité et la coordination des soins. Nous voyons donc que les innovations organisationnelles partent des territoires. Elles doivent rencontrer l’adhésion des décideurs et des politiques pour se développer. Des stratégies régionales sont à imaginer en intégrant des dynamiques enclenchées localement,  évitant ainsi  des parcours du combattant aux porteurs de projets.

Notre système formidable n’est plus adapté, mais une génération se lève pour l’améliorer. En ouvrant les portes et les fenêtres de notre système de soins sur un nouveau système de santé, plus vaste et plus efficient, donc durable, nous répondrons aux défis de santé publique du XXI ème siècle que sont le vieillissement et  les maladies chroniques.

Solange MENIVAL

1) Dr Mourad ELIAS, médecin généraliste à Saint Caprais de Bordeaux.

2) Dr Florence MARECHAUX, médecin généraliste.

3) Pr Bernard GAY, Directeur département Médecine Générale de l’Université de Bordeaux Victor Ségalen.

 

 

 

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